"La meilleure façon de réaliser ses rêves, c'est de se réveiller!" - Paul Valéry


Saturday, December 1, 2007

Sur la route de la Soie, partie 4 (Kashgar-Osh)

Au petit matin, je prends un taxi, direction le col d’Irkeshtam et la frontiere Sino-Kyrgyz. Il fait encore nuit mais le soleil ne tarde pas a montrer le bout de son nez. Lorsque celui-ci apparait, la voiture s’est deja enfilee dans de magnifiques gorges bordees de montagnes de gres rouge. A la lueur du petit jour, les montagnes sont superbes. Des tons rouges, gris, marrons et pourpres se partagent le flanc des montagnes, donnant des couleurs magnifiques aux paysages. Plus haut, quelques chameaux paturent au pied de ces surprenants sommets.
Apres 3h de route dans ce cadre splendide, nous atteignons le premier poste frontiere Chinois. Il s’agit d’un controle de papiers du vehicule et des passeports comme j’en ai deja subi beaucoup dans le Xinjiang. L’officier note tous les details de mon passeport et s’assure que mon visa est valide, puis nous laisse repartir au prochain poste. A notre arrivee a celui-ci, bon nombre de camions attendent patiemment de passer la frontiere. La voiture se glisse alors entre ceux-ci pour me deposer a quelques centaines de metres du deuxieme poste. J’enfile mon gros sac sur les epaules et continue le reste a pied, doublant de beaux semi remorques chinois flambant neufs!
Ce poste frontiere a quelquechose de magique, il semble etre perche au fin fond des montagnes, comme un point de non retour, deja naturellement difficile a franchir. De magnifiques sommets enneiges bordent le col ou je m’enfile, et ce poste frontiere chinois semble etre le dernier point de vie dans cette nature hostile.
A l’interieur, un officier chinois dans un magnifique uniforme vert aux epaulettes rouges s’avance vers moi et sans un bonjour me lance un: ‘Passeport!’. Le ton est donne! Je lui tends le sesame, en essayant de lui esquisser un petit sourire. Mais rien n’y fait ! L’homme reste de marbre et examine scrupuleusement le document pendant de longues minutes puis il fait signe a deux de ses sous officiers de le rejoindre. Ceux-ci ont pour but d’examiner le contenu de mon sac. De toute evidence, ils n’ont pas l’air bien motive par cette tache. En fait, j’ai surtout peur qu’ils trouvent mon ordinateur portable et ne me gardent pour verifier le contenu du disque. J’ai egalement des cartes de Chine et d’Asie Centrale que j’ai pris bien soin d’enfouir au fond du sac. Je sais que dans le coin, on n’aime pas trop les cartes de la region. Je debale alors lentement quelques affaires avant qu’un des hommes ne me fasse signe de remballer le tout. Je m’execute aussitot!
Les gardes restent froids et pragmatiques. L’un deux me demande si je vais au Kyrgyztan, j’ai bien envie de lui dire “Non. Au Cambodge”, mais je doute que cela les fasse rire. Alors j’acquiesce serieusement. Apres quelques minutes a lire, relire et faire passer de mains en mains mon passeport, ils se decident enfin a mettre mon tampon et me laisser franchir la frontiere. L’homme dans sa petite cabine enregistre mon depart et me rend mon passeport, je me tourne alors vers la sortie a deux pas de la, et un autre garde pres de la porte me redemande mon passeport ! Il a assiste a toute la scene et il me redemande pourtant mon passeport ! Je lui tends, il le feuillette lentement et me laisse enfin sortir. Me voila enfin hors de Chine! Il me reste maintenant a parcourir les 10km de no man’s land pour rejoindre la frontiere Kyrgyz…
Je marche alors sur quelques centaines de metres avant qu’un camioneur Kyrgyz, charge comme jamais, ne me fasse signe de le rejoindre dans sa cabine. Quelle aubene! Je n’ai pas trop de mal a le rejoindre en route tant sa vitesse est lente ! Je cours charge comme un bœuf avec ferveur et me hisse difficilement a bord du vieil engin! Sur ses deux longues remorques, des televiseurs russes, deux ou trois cents peut etre. Son chargement est impressionant. A l’interieur, musique russe a plein volume! J’ai bien quitte la Chine! Apres 1 ou 2 kilometres, nous atteignons le troisieme et dernier poste frontiere Chinois. Une queue interminable de poids lourds stagne devant. Je les double a pied, mon gros sac sur le dos. A l’arrivee au poste, un militaire Chinois s’avance vers moi et s’ecrie :”Passeport!”. Il feuillette le document pendant quelques minutes puis note mes informations sur un registre. Je repars, devant trouver un autre camion pour rejoindre le poste frontiere Kyrgyz. C’est alors que je vois peiner a l’horizon un vieux camion sovietique immatricule au Kyrgyztan, charge d’enormes balles de tissus ! Le poids lourd avance a quelques km/h a peine. Au volant, un petit homme me fait signe de le rejoindre. J’attrape alors mon gros sac et le balance dans la vieille cabine en marche, puis me hisse difficilement.
Le petit homme me lance un large sourire a mon arrivee dans la cabine et semble tres concentre sur la progression de la machine. Il s’appelle Salidzhan. Je le remercie de me pousser jusqu’au prochain poste et lui propose quelques chocolats que j’avais achete en Chine. L’homme semble ravi! Salidzhan est Ouzbek et travaille avec son vieux camion depuis 20 ans a la frontiere, ou il fait des aller-retours pour transporter toutes sortes de produits chinois destines au Kyrgyztan. Je fais un long bout avec lui, a quelques km/h de moyenne. Salidzhan conduit le semi remorque avec une precision etonnante. Il negocie les virages a epingle a cheveux sans une hesitation! A chaque arret, il me fait rire. Il descend du camion et place un sot sous le radiateur du vieil engin. Je ne sais pas comment ce vieux rafiot fait encore pour avancer! Mais Salidzhan semble confiant lui. Il descend et remonte de son poste energiquement, toujours le sourire aux levres! Il habite Osh ou il vit avec sa femme et ses deux enfants. Osh est la deuxieme plus grande ville Kyrgyz mais peuple a 40% d’Ouzbeks et en fait geographiquement une des frontieres les plus absurdes au monde. Ou plutot, une des plus malignes ! Staline lui-même aurait trace les frontieres d’Asie centrale, decimant les populations et gardant ainsi une main mise sur l’expansion et l’influence de l’Islam en Asie Centrale. Aussi le Tadjikistan et l’Ouzbekistan ont des territoires au Kyrgyztan, l’Ouzbekitan des territoires au Tadjikistan,…et dans chaque pays, on trouve un pourcentage plus ou moins important de toutes les communautes. Le concept de pays en Asie centrale est egalement tres recent et fruit du regime sovietique. En fait, avant l’ere sovietique, tous ces peuples vivaient ensembles sur une meme territoire, se differenciant selon des criteres tels que la langue, la religion, le clan, le mode de vie, le lieu de vie,…
Staline, lui, voyait dans cette organisation un sol fertile pour l’Islamisme, menace pour le regime. Des lors, il crea un concept de nation pour ces peuples, disseminant les minorites ethniques qui ne se demarquaient pas assez des autres pour n’en garder que les grandes lignes. Ainsi, les Kazakhs et les Kyrgyz sont en fait le meme peuple, les Kazakhs vivant dans les plaines et les Kyrgyzs dans les montagnes.
Nous n’avancons pas bien vite avec Salidzhan, mais je n’ose faire de commentaire sur notre progression tant Salidzhan semble fier de sa vieille machine! Apres 30 bonnes minutes de route, nous voila au premier poste Kyrgyz. Devant, bon nombre de camions attendent l’autorisation d’entrer au Kyrgyztan. Je remercie Salidzhan et son vieux rafiot de m’avoir pousse jusque la et enfile mon gros sac sur les epaules. Je me faufile alors dans cette queue interminable de poids lourds jusqu'à la barriere du poste. La, un militaire Kyrgyz s’avance vers moi, il est arme d’une Kalachnikov qu’il tient fermement dans la main. L’homme a un regard froid et me lance un ‘Passeport !’ qui fait ni une ni deux !
Je tends le document a l’officier qui l’examine pendant plusieurs secondes. L’homme me rend mon bien en acquiescant. Tout a l’air en ordre.
Enfin…pas tout a fait! L’homme me fait brievement comprendre que la frontiere ne devrait pas ouvrir avant 4h et qu’il me faut revenir ! Il fait demi tour et retourne dans les baraquements!
Me voila contraint a attendre dans le froid pendant 4h qu’ils veuillent bien ouvrir la frontiere ! Je me pose sur mon gros sac et attends patiemment, me rechauffant comme je peux. Apres 4 longues heures d’attente, un garde vient me voir et me demande bien evidemment mon passeport. Il semble que la frontiere soit ouverte, dieu soit loue ! Il arrive frequemment qu’ils la ferment pendant un, voir plusieurs jours parcequ’il fait pas beau ou parceque tout simplement aujourd’hui c’est pas bien. Mais aujourd’hui c’est bien, alors on ouvre ! Je fais quelques pas escorte par mon militaire Kyrgyz vers le petit poste ou un autre officier note scrupuleusement tous les details de mon passeport. Ils me laissent ensuite repartir au deuxieme poste frontiere Kyrgyz. Le militaire Kyrgyz semble sympathique et me pousse dans un camion chinois qui vient d’obtenir l’autorisation de passer. Je fais les 2km qui me separent du prochain poste dans ce beau camion tout neuf, sur un siege a ressort bien confortable ! A mon arrivee, je re-enfile mon gros sac et m’avance pres du poste a pied. La, un militaire kyrgyz me fait signe avec sa Kalchnikov de ne pas continuer sur la route mais de rentrer dans des baraquements sur la droite. Je lui dis qu’il peut toujours aller se faire voir ! Et je fonce tout droit en courant ! Non je plaisante, j’ai un lonely planet…il a une Kalachnikov.
Je m’avance vers les batiments, tout en me demandant si je vais un jour rentrer au Kyrgyztan ! A l’interieur, bon nombre d’officiers Kyrgyz ne semblent pas faire grand-chose. Ils sont tous etonnes et heureux de me voir la! Je suis l’attraction de la journee ! Ils me posent plein de questions autres que ‘Passeport !’, enfin celle la etait tout de meme la premiere ! Un officier m’enregistre. J’en vois le bout ! Apres plusieurs dizaines de minutes d’attente, ils me rendent mon du et me laissent sortir par la porte cote Kyrgyz. Me voila enfin au Kyrgyztan ! Il m’aura fallu tout de meme pres de 8h pour passer la frontiere !
A ma sortie sur le territoire Kyrgyz, je fais face a un paysage de desolation. De vieilles carcasses de camions sovietiques jonchent le bas cote de la route, et un cimetiere de vieux engins semble regner sur les lieux. De petits mobile-home rouilles bordent la route qui descend sur Saru Tash et quelques camions sovietiques sont pourtant la, au milieu des epaves, pres a etre surcharges pour descendre la marchandise a Osh ou a Bishkek. Il reigne ici comme un sentiment de chaos et de desespoir. Je vois des hommes monter et descendre des vieux engins a toute vitesse, et les deplacer, mais pourtant aucun ne semble quitter les lieux. J’ai du mal a saisir ce qu’il se passe exactement. Un imposant militaire Kyrgyz, Kalchnikov a la main, m’interpelle et me demande mon passeport. Il le feuillette lentement puis me rend mon bien. L’homme est impressionnant, il a des faux-airs d’officier de l’armee rouge. Pourtant, il semble sympathique sous son telpak militaire. Je lui demande ou je pourrais attraper un camion pour Osh et l’homme m’indique le bout du parking en esquissant meme un petit sourire! Je me dirige alors ou il m’indique sans vraiment comprendre ce que les gens font dans cet endroit lugubre. C’est alors qu’une petite lada 4x4 beige s’avance vers moi. A bord, 3 jeunes d’une vingtaine d’annee. Le conducteur m’interpelle en Russe, me posant toutes sortes de questions assez simples que je saisis tout de suite. C’est assez etrange. Je reponds au jeune homme sans une hesitation ! J’ai meme l’impression de le comprendre. Je dois avoir un 6ieme sens pour le Russe ! Ou plutot, j’ai bien retenu les quelques mots que j’ai appris avant d’entamer ce voyage ! L’homme me demande mon nom, d’où je viens, ou je vais, mon age,…et je reponds sans une hesitation. A la fin il me demandera quand meme si je parle Russe, et la je repondrai non ! Il faudra qu’il se lance dans des phrases plus complexes pour qu’il me croie! Il me dit qu’il descend a Osh dans quelques heures et que je peux me joindre a eux si je le desire. Il est tres sympathique et me laisse me rechauffer dans la petite voiture russe pendant quelques minutes. Mais j’aimerais quitter les lieux avant si je peux. Je me promene alors sur le parking, essayant de denicher un vehicule qui partirait un peu plus tot. C’est alors qu’un Kyrgyz d’une bonne trentaine d’annees m’interpelle. Il a un sourire jusqu’aux oreilles et me parle en Russe a une vitesse folle. Je comprends rien a ce qu’il me dit, mais il me semble bien sympathique! Je saisis tout de meme qu’il part bientôt pour Osh et que je peux faire le voyage avec lui dans son camion. L’homme m’amene pres de sa machine pour me venter les merites de son engin. Il a une energie debordante et m’explique avec vigeur que je pourrai dormir pendant qu’il conduit et que demain je me reveillerai a Osh ! Pour cela, l’homme me fait toute sorte de mimiques hilarantes, toujours le sourire aux levres! Je l’aime bien, je plaisante avec lui et il me renvoie l‘ascenseur. Je crois que j’ai trouve mon transport jusqu'à Osh !
Son nom est Akim. Nous devons attendre Akim et moi que le camion soit charge, ainsi que celui de Barkret, le collegue d’Akim. A eux deux, ils ont deux petits camions sovietiques uses. Ils semblent travailler ensemble et posseder tous deux les deux camions. Barkret est tout aussi adorable. Un peu plus grassouillet, l’homme veille a ce que j’attende au chaud a l’interieur du camion.
Quand vient l’heure de partir, je fais route avec Akim dans un des deux camions. A notre depart, Akim s’exclame avec un large sourire : ‘Akim !! Joulien !! Osh !!’, et rigole a pleine dent! L’homme est adorable et veille a ce je ne manque de rien. Il semblerait que je sois son invite dans son lieu de vie. Il me prete son lit pour la nuit et s’assure que je n’ai pas froid.
Dans la descente du col, nous nous dirigeons vers le 6ieme et dernier poste frontiere, cote Kyrgyz. Je dois descendre du camion avec Akim dans le froid pour montrer notre passeport a deux militaires installes au chaud dans un petit baraquement. Les deux hommes armes semblent ravis de voir du monde et nous invitent a boire une tasse de the qu’ils viennent juste de preparer. Je reponds aux questions quelque peu inquisisitives de l’officier avant de reprendre la route avec Akim.
Des le debut du trajet, Akim s’arrete souvent, descend energiquement de la machine et remonte aussitôt! Je ne sais pas trop ce qu’il trafique mais il semblerait que les deux vieilles machines soient bien usees par le temps et la route difficile qui nous separe de Saru Tash. Ou plutot, le chemin ! Je fais des bons impressionants sur la banquette et j’ai les dents qui claquent ! Cela me rappelle mes voyages en Inde. Impossible de fermer l’œil une seconde!
Sur la route de montagne, j’imagine aisement les caravanes de la route de la Soie emprunter cette route magique et affronter le froid et la neige que nous rencontrant en haut d’un col. Quelquechose de magique se degage ici. Comme une atmosphere particuliere laissee par les caravanes elles-memes pendant des siecles de passage. Cette route semble a elle-même une frontiere naturelle entre les deserts arides du Xinjiang a l’Est et les plaines fertiles de la vallee de Ferghana a l’Ouest. Une barriere longue de plusieurs centaines de kilometres, a travers les montagnes du Kyrgyztan, entre 3500m et 4500m d’altitude, qui couta la vie a bon nombre d’hommes.
Dans la nuit, Akim m’offre un cafe a Saru Tash, avec une generosite et une spontaneite qui me touche enormement.
Nous nous arretons enfin vers 4h du matin pour qu’Akim puisse dormir un moment. Au petit matin, le froid a envahi la cabine du petit camion, nous sommes encore haut, a plus de 3000m, et je sens doucement mes jambes s’engourdir par le froid. Je me reveille a peine et observe d’un oeil Akim allonge sur le siege dormir comme un loire. La couverture a bizarrement glisse vers lui pendant la nuit ! Je souris et tente d’en ramener une petite partie vers moi. L’homme ne bronche pas et ne se reveillera que quelques minutes plus tard. Nous repartirons aussitôt ! Le camion traversera de magnifiques gorges, ou coule paisiblement une riviere d’un bleu profond, puis s’aventurera dans des villages ou de vieux Kyrgyz errent a dos d’ane et ou la vie semble s’ecouler a un autre rythme. Les couleurs des paysages sont magnifiques et nous ne tardons pas a passer un autre col, a plus de 4000m avant d’amorcer la descente sur Osh. Apres 15h de camion, nous voila enfin a Osh. L’heure pour moi de remercier Akim et Barkret pour leur gentillesse et pour m’avoir pousse jusque la. Je passerai 2 jours a Osh, flanant sur les marches, ou de petites mamas Ouzbeks m’offriront pommes, raisin et gateaux a mon passage, d’une gentillesse et d’une generosite sans egal. Je renconterai un peuple adorable et genereux, et des gens tres curieux de mon passage dans la region. Apres 2 jours, je prends un taxi pour rejoindre la frontiere Ouzbek, que je devrai franchir a pied egalement.

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Vieille Kyrgyz, Osh, Kyrgyztan

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Sur le marche de Osh, Kyrgyztan

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Vieil Ouzbek, Osh, Kyrgyztan

Sur le marche de Osh, Kyrgyztan

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Vieil Ouzbek sur le marche de Osh, Kyrgyztan

Sur le marche, Osh, Kyrgyztan

Entre Saru Tash et Osh, Kyrgyztan

Vendeuse de legumes, Osh, Kyrgyztan

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Akim

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Vieux Kyrgyz, Osh, Kyrgyztan

Le camion de Salidzhan, col d'Irkeshtam, Kyrgyztan

Salidzhan

Vendeur de patates Kyrgyz, Osh, Kyrgyztan

Entre Saru Tash et Osh, Kyrgyztan

Vieux Kyrgyz, Osh, Kyrgyztan

Sur le marche de Osh, Kyrgyztan

Entre Kashgar et Irkeshtam, Chine

Vendeur de patates Ouzbek, Osh, Kyrgyztan