"La meilleure façon de réaliser ses rêves, c'est de se réveiller!" - Paul Valéry


Friday, August 24, 2007

Comme un gout amer

Ca y est! J'ai envoye mes derniers cartons par la poste, il devraient rejoindre la France d'ici 2 a 3 mois.
Je ressens comme un sentiment d'amerthume dans ce depart, comme un gout d'inacheve. Trop de choses sont passees si vite. Bien sur je suis heureux de rentrer chez moi et de revoir toute ma famille, mais il y a une partie de moi qui rechigne a etre completement heureuse de partir.
Pour la premiere fois, je me sens chez moi ici.

Je ne pretends pas etre indien (meme si Darpan mon collegue chez HP me disait souvent que j'etais plus indien qu'il ne l'etait..) mais vivre dans une culture si differente m'a demande un tel travail sur moi-meme que je ne peux me sentir complement etranger a ce pays aujourd'hui.

Je ne saurais decrire exactement ce que j'abandonne aujourd'hui; celui que j'etais en arrivant peut-etre. Je ne crois pas avoir reussi a comprendre ce pays, mais je me suis mieux compris moi meme. Au detour de ses rues, au aleas de mes rencontres, j'ai appris sur la vie, sur ma vie.

Je crois avoir passe un an et demi dans le plus beau pays du monde. Beaucoup voient dans ce pays la misere, la pauvrete et l'injustice. J'y ai vu la plus belle joie de vivre, les plus beaux sourires, et la plus grande tolerance du monde. J'y ai rencontre des gens qui ont change ma vision de la vie, dans un pays d'une richesse extreme.
Bien sur cette richesse ne se compte pas en euros, mais en humanite, en culture, en religion, en moeurs, en tolerance, en couleur et en joie de vivre.

Il y a des choses que je sais aujourd'hui, des choses qui marquent une personne a vie, et qui vous aide a mieux comprendre ce que l'on est.
Aujourd'hui je sais un viellard aux jambes frivoles voler une banane pour survivre, je sais le regard vide d'un homme qui attend que la mort l'arrache a une vie trop dure, je sais le lourd tribu d'une existence infirme, je sais le regard huileux d'un viellard trop fatigue par la vie avec qui je partage mon dejeuner, je sais ces longues nuits a voyager dans des bus sur des routes defoncees, je sais la joie d'un enfant dont je visite le village, je sais le sourire d'une maman a qui je montre la photo de son enfant, je sais les couleurs vives qui masquent une realite difficile, je sais les saveurs des epices d'un biryani d'Andra Pradesh, je sais les odeurs de Jasmin, de Rose, de Lys qui embaument les cheveux d'une femme, je sais le gout d'un jus de mangue fraichement presse,..je sais bien d'autres choses encore,.. mais je ne sais toujours pas l'Inde!

Les mots me manquent pour decrire ce pays et le rapport que j'ai entretenu avec. Je l'emporte avec moi et le garderai toute ma vie. Une chose est sure, il y a un dicton qui dit que l'Inde, on ne peut pas savoir si on va aimer ou pas avant d'y aller; mais que ce qui est sur, c'est qu'on en restera pas indifferent!
Maintenant je sais a quel point j'aime ce pays et je sais aussi a quel point il a change ma vision de la vie.